Le fantôme de Seishi [FINI]

(Suite de :

https://next-evolution.forumactif.org/t15-un-apres-midi-tranquille-au-cafe-fini)

"T'es débile ou bien? Tu sais où elle se trouve mais toi t'essaies même pas de la faire revenir? Quel genre d'abruti est-ce que tu es au juste? Si ça se trouve, elle n'attend que ça. Et toi, tu restes planté là, seulement sous prétexte que c'est trop compliqué? Quel naze."

C'était les dernières paroles de Luna adressée à Sôsuke. Elles restaient coincé dans mon crâne et je n'arrivais pas à me défaire de ses mots. Dès son départ, je fonçais à l'étage m'habiller en tenu d'opération, comme si j'allais à la chasse au Bloods. Une tenue noire, en cuir, avec des plaques discrètes au torse et aux épaules, comme cloutée au vêtement. Un long manteau noir surplombait cette tenue. En plus de celà je m'équipais de mon masque habituel. Un masque de cuir, qui ne laissait paraître que mes cheveux et mon oeil qui pouvait révéler mon pouvoir. J'étais connu pour ce genre d'accoutrement chez les Bloods. Pas spécialement crains car trop gentil, mais connu pour cette tenu, ses cheveux changeant et cet oeil démoniaque.

Une fois prêt je me mis à sa recherche et n'eu aucun mal à la retrouvé. Je la suivait de rue en rue. La pluie s'était calmée depuis un moment déjà et le temps était légèrement humide. Elle passa par divers coin que je n'avais encore jamais vu, ou jamais porter réelle attention. C'est vers la plage qu'elle se dirigeait. Sûrement qu'elle voulait se reposer là bas, le bruit des vagues.. Il est vrai que c'est apaisant. Alors je la suivait discrétement jusqu'au bout. Une fois arrivé. Elle s'installa au bord de l'eau. J'étais loin d'elle, pas même encore sur la plage. Je la voyais de loin et je m'approchais. On ne pouvait dissocier seulement mon oeil et encore, à cause du masque et de la capuche. Très vite elle saura me reconnaître, c'est certain. Si je lui donnais un signe de vie, peut être qu'elle irait mieux.

Après avoir passé la porte du café, je ne savais pas tellement vers où me diriger. Je n'avais pas réellement d'endroit où aller mis à part le QG mais loin de moi l'envie de rentrer parmi la bande. Pas aujourd'hui. Pas maintenant.
Il s'est passé beaucoup trop de choses en si peu de temps. Je ne savais pas où donner de la tête. Je marchais donc sans but précis, sans envie particulier d'un endroit particulier. Je voulais juste échapper à cette journée, échapper à tout ça en fait, rien que pour un moment.
Je me dirigeais finalement vers la plage. C'était à peu près le seul endroit quelque peu calme, où je saurai être en paix sans qu'un imbécile vienne tout gâcher soit pour m'attaquer soit pour me faire une farce, ou encore je ne sais quelle autre sottise.
Je traversais le ponton en bois, enlevais mes bottes de cuir et mes longues cuissardes, puis je commençais lentement à aller vers la mer, enfonçant mes pieds lentement dans le sable tout frais et encore humide de la pluie de tout à l'heure. J'arrivais au bord de mer, je trempais mes pieds dans l'eau et observais l'horizon. C'est fou comme c'est apaisant. Ces vagues, ce doux bruit. Rien que cette vue.
Je me sentais beaucoup mieux, je me sentais respirer. J'étais seule en cet instant. J'étais libre.

Elle était là, les pieds dans l'eau. Moi j'observais au loin dans le sable, vêtu de cette combinaison de cuire qui m'étouffais un peu. J'avouerais que j'ai hâte de rentrer chez moi après cette journée, et de pouvoir respirer un peu. Alors je profitais du vent frais pour ouvrir la languette de mon masque et respirer l'air pur qui venait d'au delà de la mer.. Cela faisait combien de temps que je n'avais pas mis les pieds ici.. ? Combien de temps que je n'avais pas pris de temps pour moi uniquement ? M'enfin, la question ne se posait pas. Du moins pas maintenant. J'ai beaucoup trop de choses à accomplir avant d'avoir le droit de me reposer.

J'observais les alentours, suspectant qu'elle soit surveillé par des espions Bloods ou des renégats Blanc. Cette nuit était propice au grabuge, il fallait se méfier de tout, peu importe le temps, le jour, le moment, l'endroit. Une fois mon contrôle du terrain effectué, je re-regardais Luna et m'avançais un peu plus vers alors que le vent cessait de souffler. On pouvait entendre mes pas dans le sable. Il était temps d'affronter mes erreurs pour aujourd'hui, et de voir ou cela me mène aujourd'hui. Je ne dirais probablement rien, tel un fantôme du passé qui n'est là que pour rappeler qu'il a exister un temps. Je glissais ma main gauche dans ma poche, et la droite après avoir souffler et fermer la languette de mon masque. Je n'étais pas très loin.

Ou peut-être pas si seule que ça finalement. J'entendis des bruits de pas qui venaient perturber mon moment de tranquillité et d'apaisement. Celui qui avait osé faire ça allait s'en prendre plein la gueule.
Je pouvais sentir une présence toute proche, mais qui continuait pourtant de s'avancer. De plus en plus. J'attendais le moment pour me retourner et le mettre au sol. Je devais être rapide et efficace. Ne même pas penser à mes gestes, ni vraiment les contrôler, sinon il pourrait les percevoir et les contrer beaucoup trop facilement. Lorsque le moment fut venu pour moi de me lever et de me retourner, choppant les bras de mon perturbateur pour lui faire une clef de bras.
Il avait un long manteau noir et un accoutrement assez particulier. Mais je connaissais ces vêtements. Je connaissais les moindres détails de chacun d'eux.
Je n'y croyais pas, au tout début. Puis le vent chassa légèrement la capuche de mon perturbateur, qui laissa apparaître quelques légers cheveux blancs.
Je refusais d'admettre la vérité, je me posta devant lui, et l'examina de haut en bas. Il n'y avait pas de doute. C'était lui.
Lui. Après 10 mois. Lui. Après m'avoir lâchement abandonné, il débarque comme ça? D'un seul coup?
Foutage de gueule.
Je n'ai même pas pu réfléchir une seule seconde, que mon poing s'envola directement tout droit dans la figure de la personne qui était, autrefois, la personne la plus chère à mon coeur.

J'approchais de plus en plus, quand tout à coup elle se retourna brusquement et vint rapidement à moi en me faisant une clé de bras. Savait-elle que quelqu'un la suivait depuis un moment ou à t-elle développer ses réflexes et ses capacités au corps à corps ? Probablement un peu des deux, et je ne faisais rien de plus. Pas un seul instant je pensais à me défendre, contrer d'une quelconque manière. Elle m'observa un petit un instant et du me reconnaître rapidement après ce coup d'oeil global. M'enfin, je n'eu pas le temps de me remettre tranquille de cette clé surprise qu'elle me mit un coup de poing plein d'affection. Ou pas.

Je reculais d'un pas, ma tête ayant pivoter après l'impact du coup. Je la fixais de mon oeil de démon. Ma capuche s'était définitivement enlevée après ce coup qui fit bouger ma tête brusquement. Aucun mot ne sorti de ma bouche, et je doute qu'elle ait envie d'entendre ce que j'ai à dire. Il n'y avait rien pour réparé ses 10 mois d'absence, ni les prochains d'ailleurs. Alors j'allais rester là et écouté toute cette rage, quitte à me prendre des coups. L'essentiel était de montrer signe de vie. A n'importe quel moment je pouvais partir désormais.

Sora ne réagissait pas. Il ne bougea pas d'un pouce. Il se laissait faire. Je pouvais le ruer de coups qu'ils ne bougeraient pas je pense. Il restait planté là, immobile, et en plus de ça muet. Il ne dit pas un mot. N'ouvrit pas une seule fois sa petite bouche d'égoïste. On aurait dit une marionnette, j'avais horreur de ça. Je voulais le secouer dans tous les sens, lui poser des milliards de questions mais j'en étais incapable. Il m'était inconcevable que je daigne lui adresser la parole et me montrer faible face à lui. Je devais lui prouver que désormais je n'avais plus besoin de lui, que j'étais une grande fille, et que je me débrouillais très bien toute seule. Je devais lui prouver que tout allait pour le mieux, et que j'étais totalement sereine. Qu'il pouvait repartir de là où il venait, à sa petite vie bien paisible. J'étais beaucoup plus forte, beaucoup plus solide, beaucoup plus minutieuse. Mais apparemment, ça ne suffisait toujours pas ; car même avec ce renforcement de ma part, son oeil de démon parvenait toujours à me transpercer le coeur de manière vive et brûlante.
Je ne devais pas céder. Alors j'ouvris la bouche. Aucun son ne sortit l'espace de quelques secondes jusqu'à ce que je trouve le courage de parler. Je ne savais moi-même pas très bien si ma phrase était littérale ou figurée. Sûrement un peu des deux.

"Dégage de là. T'as plus ta place ici."

"Dégage de là. T'as plus ta place ici."

Ben voyons, ce n'est pas comme si elle allait hurler mon nom plus tôt dans la journée hein. Elle est belle la franchise. Mais bon, je ne vais pas lui en vouloir cela lui est plutôt légitime de réagir comme çà, et je pense que j'aurais fait pareille. Je sentais mon coeur comme arracher par ce qu'elle venait de dire. Cela doit être ce qu'elle vit au quotidien, en bien moins pire je présume.. Malgré ça, je restais ici toujours immobile. Je savais très bien que ce qu'elle me disait, au fond elle ne le pensais pas. Je voulais enlever mon masque, mais je pense qu'il était trop tôt encore, elle pouvait faire un rapprochement avec "Sôsuke" c'est obligé. Alors je me contentais de la regarder, avec cette triste mine partiellement cachée par mon masque. Seul celui qui à fait ce monde, pouvait savoir à quel point je voulais la prendre dans mes bras et tout lui dire. Mais non, il était encore trop tôt pour çà. Un jour ou mon groupe sera plus important, et mieux former, j'envisagerais la possibilité de la sortir de ce milieu peu fréquentable.. Sans m'en rendre compte je baissais la tête, comme résigné à encore prendre des coups et des remarques.

Il était toujours aussi statique. Ce qui avait tendance à me foutre en rogne plus qu'autre chose.
"Mais bouge bordel! Réagis! Soit tu dégages, soit tu t'expliques! Mais tu restes pas là à me fixer comme ça, sinon moi j'te fais bouger, et crois-moi, tu préfères pas."
J'avais envie de sortir un de mes fusils d'assauts et d'lui coller une balle dans chaque partie de son corps. Au moins, avec ça, il remuerait un temps soit peu. Pourtant, une autre partie de moi me criait tout autre chose. Je voulais juste ouvrir cette foutue fermeture éclaire et l'embrasser. Cette sensation était totalement horrible, mais alors réellement affreuse. Je devais faire taire mon esprit par n'importe quel moyen, de peur de finir par écouter ce que disait le si peu de sentiment qu'il me restait à son égard. Alors je courra et sauta sur lui, nous faisans tomber dans le sable. Je fixais son oeil rouge sang. Des larmes commençaient à faire surface, il fallait que je trouve une solution et vite, alors je commença à lui mettre des coups de poings dans le ventre, puis deux-trois dans la figure. Jusqu'à ce que je n'en puisse plus et que je tombe raide sur lui, la tête sur son torse, pleurant à chaudes larmes et tapant encore, le poing serré, contre sa poitrine.
"Pourquoi est-ce que tu m'as fais ça?"
C'était les seuls semblants de mots que je réussissais à aligner à cause de ma gorge sèche et serrée. J'étais dans un état pitoyable. J'aurais préféré qu'il ne revienne jamais à moi.

"Mais bouge bordel! Réagis! Soit tu dégages, soit tu t'expliques! Mais tu restes pas là à me fixer comme ça, sinon moi j'te fais bouger, et crois-moi, tu préfères pas."
C'est pas aussi évident qu'elle le pense. Dire quoi que ce soit ne ferait qu'envenimé les choses, et ne rien dire aussi. Et concernant des gestes n'en parlons même pas. Je n'avais guère envie de lever la main sur elle alors que j'étais en tort depuis le début. Elle vint à me plaquer au sol et à me frapper, complètement déchaînée, elle ne faisait presque même plus la distinction entre moi, et un sac de frappe. Au ventre, au visage. J'en avais eu pour les 15 prochains jours. Puis elle s'arrêta en pleurant et tomba contre mon torse.
"Pourquoi est-ce que tu m'as fais ça?"
Comment expliquer à cette fille que j'ai monter un groupe qui compte détruire le sien pour plus tard, la ramener avec moi ? Que si je lui avais dit plus tôt, elle m'aurait sans doute rejoins et se serais risquer à bien des ennuis ? Non, je devais être clair là dessus, quitte à ce qu'elle m'en veuille pour toujours. Et puis, il y avait "Seishi" cette partie de moi qui devient hors de contrôle lorsque les pouvoirs de mon Kagune sont actif trop longtemps.. Trop de risques pour le moment.
- Je ne veux pas te faire de mal. Voilà tout.
Je regardais le ciel à cet instant.

"Je ne veux pas te faire de mal. Voilà tout."
A ce moment-là, je n'en croyais pas mes yeux. Je restais totalement, mais alors tout ce qu'il y a de plus sereine au monde. Je me releva simplement de son torse, baissant la tête et restant assise sur lui. Je fis sortir ma tête de l'ombre très lentement pour le fixer. Mes yeux étaient en train de virer au rouge, mes cheveux se mettaient à changer de couleur peu à peu. Ce qu'il venait de me dire était tout simplement la pire chose qu'il pouvait me dire à ce moment-là. Il ne voulait pas me faire de mal? En se barrant? En se laissant comme mort? C'est ça qu'il appelle "ne pas me faire de mal"? Quel idiot, mais quel idiot, mais quel idiot, bordel! C'est incroyable d'être aussi stupide!
Ma respiration s'accélérait, en même temps que les battements de mon coeur. Je sentais une rage folle monter en moi, et grandir petit à petit, jusqu'à devenir si énorme que ça en devenait insurmontable, incontrôlable. J'allais aller foutre ma main sur mon arme, quand je pris finalement le temps de réfléchir. Lui tirer dessus n'était pas une solution en soi. Le tuer non plus.
Mon regard se calma mais mes yeux restaient d'un rouge affolant. Je m'assis finalement à côté de lui, recroquevillée sur moi-même, observant les vagues cogner contre le sable.
"Je veux que tu disparaisses. Revenir n'était pas une solution. Fais comme si je n'avais jamais existé, est-ce que c'est bien clair? Tu oses venir te pointer devant moi alors que tu m'as abandonné, que tu m'as laissé seule il y a dix mois de cela? C'est hors de question. Je ne te le pardonnerai jamais Sora. Jamais de la vie. Tu m'entends?"
Tout mon corps était empli de haine, mais je restais très calme et ma voix était très posée, bien que sèche.
J'enfouis ma tête entre mes bras et commença à pleurer. Je ne voulais pas qu'il me voit dans un état pareil. Je ne voulais pas qu'il provoque cet état.

Elle restait assise sur moi, relevant le haut de son corps pour pouvoir me voir de plus haut. Ses yeux.. ils changeaient légèrement de couleur.. Il faisait trop sombre pour pouvoir savoir à quel points ses yeux avaient changer. Elle semblait calme à première vu. Du moins jusqu'à ce qu'elle s'enlève de moi et se recroqueville à même le sable.

"Je veux que tu disparaisses. Revenir n'était pas une solution. Fais comme si je n'avais jamais existé, est-ce que c'est bien clair? Tu oses venir te pointer devant moi alors que tu m'as abandonné, que tu m'as laissé seule il y a dix mois de cela? C'est hors de question. Je ne te le pardonnerai jamais Sora. Jamais de la vie. Tu m'entends?"

Hmpf. Très bien, de toute façons elle ne serait pas en mesure de comprendre mes agissement, et sûrement qu'elle ne les comprendrait jamais. Alors autant s'éxécuter et s'en aller. Je n'aurais jamais dû quitter la café pour la rejoindre. Il était trop tôt, et maintenant j'allais le regretter toute ma vie. Je me levais et me mis à dépoussière mes vêtements en annonçant une nouvelle fort sympathique.

- Dans ce cas, finissons-en ce soir. Il serait mal avenu que tu laisses un traître, et un ennemi s'en aller. Donc si tu tiens tant à ce que je disparaisse de la surface de la planète : tue moi. Hormis toi, je n'ai plus rien à perdre.

Je commençais à partir, en activant mon Kagune et fit sortir comme une énorme queue de serpent depuis le bas de mon dos. Ce membre était teinté d'un rouge et noir. Sa solidité était d'égal à celle d'un bouclier et son agilité était sans pareille. Si elle voulait en découdre, j'étais prêt, prêt à me lancer dans un combat à sens unique dans lequel j'étais destiné à mourir, ou à survivre encore un peu.

Je sentis que Sora se relevait peu à peu. Le bruit du frottement de ses mains contre ses habits m'irritait. Mais ce n'était rien comparé à la phrase qui suivit. Ca me laissait un froid glacial dans tout le corps.
"Dans ce cas, finissons-en ce soir. Il serait mal avenu que tu laisses un traître, et un ennemi s'en aller. Donc si tu tiens tant à ce que je disparaisse de la surface de la planète : tue moi. Hormis toi, je n'ai plus rien à perdre."
Finissons-en ce soir... Un ennemi... Tue-moi... Hormis toi...
Comment pouvait-il dire quelque chose d'aussi affreux?
"Qu'est-ce que tu entends par ennemi?"
Je marqua un léger temps de pause avant de reprendre :
"Il me semble que tu m'as perdu il y a déjà bien longtemps, Sora. Qui est partit? Qui a laissé tomber qui? Qui revient comme une fleur en espérant que tout se passe bien dans le meilleur des mondes? Tu as pris la lâche décision de me laisser là, au beau milieu d'une galère infâme, de laquelle j'ai dû me sortir seule. Alors, tes mots doux, tu te les gardes. Parce que tu ne mérites même pas de les penser."
Je n'avais jamais été autant en colère qu'à ce moment précis. "Hormis toi, je n'ai plus rien à perdre." Comment a-t-il pu? C'était la goutte de trop.
Je relevais ma tête, les joues trempées, les yeux rouge écarlate. Et à ce moment-là je vis Sora me tourner le dos, commençant à avancer et faisant jaillir son Kagune du bas de son dos. J'avais toujours trouvé son pouvoir impressionnant. Et c'était encore le cas aujourd'hui. Je m'empressa de "ramper" derrière lui de sorte à ce que je puisse l'atteindre. J'étais assez proche de lui pour le toucher, et je lui saisis la main.
"Sora..."
Je ne savais pas exactement ce que j'étais en train de faire. J'étais sur le point de perdre définitivement la seule personne que j'aime dans ce monde. Je restais là, agenouillée derrière lui, lui serrant la main de toutes mes forces pour ne pas qu'il la retire. Les larmes continuaient de rouler sur mes joues devenues brûlantes.
Je me releva très rapidement pour me positionner en face de lui.
"Ne fais pas ça..."
Je me rapprochais de son visage.
"Ne me fais pas faire ça. Je t'en supplie."
J'y étais contrainte. Savoir qu'il était en vie était un soulagement. Mais nous ne pouvions pas rester amis, ni quoique ce soit. C'était beaucoup trop de contraintes. Lui-même l'a dit. Je dois le tuer.
Je passa une main dans son dos, le rapprochant de moi brutalement, et une autre dans mon dos.
Nous étions collés l'un à l'autre, et je ne pouvais me résilier à l'idée de mettre fin à ses jours.
Et je l'embrassa. Un premier baisé. Passionné.
Un clic se fit entendre.
Mon fusil était collé sur sa tempe, prêt à envoyer une balle traverser tout son crâne.

Elle était choqué de ce que je venais de lui annoncer, ce qui lui était légitime en soi. N'importe qui aurait été outrée de ces propos dans une telle situation. Elle réagis rapidement.

"Qu'est-ce que tu entends par ennemi?"

Je crois qu'à cet instant je n'avais même pas la force de lui annoncer que je comptais démanteler son groupe par tout les moyens possibles. Non, il était trop tôt et cela ferait partie des choses qu'elle ne comprendrait pas. Cela m'agaçait mais je la laissais poursuivre.

"Il me semble que tu m'as perdu il y a déjà bien longtemps, Sora. Qui est partit? Qui a laissé tomber qui? Qui revient comme une fleur en espérant que tout se passe bien dans le meilleur des mondes? Tu as pris la lâche décision de me laisser là, au beau milieu d'une galère infâme, de laquelle j'ai dû me sortir seule. Alors, tes mots doux, tu te les gardes. Parce que tu ne mérites même pas de les penser."

Toute cette tirade, et pas un seul instant elle n'avait réfléchis à "pourquoi" j'étais parti. Elle ne se posait toujours pas les bonnes questions. Et cela commençait à m'énerver au point de laisser resurgir le plus sombre de ma personne. Alors qu'elle traînait ses genoux au sol pour me rattraper, elle me saisis la main.

"Sora..."

Elle pleurait, elle pleurait d'avantage et cette vision m'était insupportable, mais j'étais impuissant. Faire quelque chose était haut-delà de mes forces.

Alors qu'elle se rapprochais dangereusement de mon visage, elle me parlait de sa voix déchirée par les larmes.

"Ne me fais pas faire ça. Je t'en supplie."

- ....

C'est là qu'elle m'embrassa pour la première fois, au beau milieu de notre conflit de jeunes amoureux qui n'arrivent pas à s'oublier. J'étais agréablement surpris et me laissais faire. Ma surprise fut totale lorsque je sentis le fusil sur ma tempe. Elle était prête sa y'est mais.. Visiblement tout mon être n'allait pas accepté cette vérité. Mes cheveux blanc, cette pupille rouge sang, trop d'émotion en si peu de temps. La bête qui sommeillé au plus profond de moi c'était réveillé.

Mon expression du visage avait littéralement changée, passant d'un mélange de tristesse et de surprise à une sorte de mépris et d'une envie de torturer. J'expulser d'un coup sec de mon Kagune, l'arme à feu qu'elle avait pointer sur moi, puis, un second coup porter directement à elle au ventre, pour l'envoyer balader dans le sable. Plus aucune de mes actions étaient contrôlée par ma raison, mais par là sauvagerie de Seishi. Il fallait qu'elle s'en aille et vite, avant qu'elle ne prenne trop de risque. Je remettais ma capuche, qui cachais mon visage comme tout à l'heure.

- Très bien, je ne te laisserais pas faire.

Je redirigeais mon Kagune vers moi, le faisant aller en forme de spirale tout autour de moi pour cacher l'intégralité de mon corps hormis ma tête. Si je ne reprenais pas le contrôle, cela pourrait très mal finir.

Je m'écarta peu à peu de lui. Laissant en suspens notre premier et sûrement dernier baiser. Je laissais mon fusil pointé sur lui. Mais quelque chose avait changé. Je sentais dans son regard qu'il était différent. Mon visage était noyé dans mes larmes, et je n'avais qu'une peur : que mon doigt appuie sur la détente. Mais il faut croire que je devais craindre autre chose. Sora balança mon fusil d'un coup à l'aide de son Kagune. Je ne pu même pas prendre une seconde pour respirer après ce qu'il venait de se passer qu'il me donna un coup dans le ventre qui m'envoya à quelques mètres de là. Je me retrouvais dans le sable. J'étais dans une situation que je ne comprenais pas. Je le vis remettre sa capuche. Il prit enfin la parole :
"Très bien, je ne te laisserais pas faire."
Qu'est-ce qu'il lui prenait? Je me relevais très doucement. Je ne devais certainement pas brusquer Sora, il m'empoignerait d'un seul coup et je n'aurais aucune chance d'au moins essayer de le convaincre.
"Faudrait savoir ce que tu veux. Soit tu pars, soit tu restes. Soit tu veux que je te tue, soit c'est toi qui me tue. Mais prends vite une décision. J'en ai marre de perdre mon temps."
Ca faisait 10 mois que je perdais mon temps à attendre quoique ce soit de sa part, et le voilà qu'il revient comme une fleur en me disant que je dois le tuer etc. N'importe quoi. Il déraillait complètement. J'avançais désormais à vitesse éclair vers lui, sortant mon deuxième fusil, et essayant de tirer dans sa jambe gauche histoire de le déstabiliser. Je voulais seulement qu'il comprenne que ça ne servait à rien.
Sora avait alors mis son Kagune en spirale, impossible pour moi de l'atteindre, sauf à la tête. Mais il était hors de question que je le touche à cet endroit. Je le regardais droit dans les yeux, mais je ne savais pas si c'était réellement lui, je ne le reconnaissais pas. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil, et il m'apeurait franchement. Je commençais à marcher vers lui, de manière très lente, le fixant, mon fusil à la main.
"Ressaisis-toi. Tu ne voudrais quand même pas en arriver là, si?"
J'enfonça mes pieds dans le sable, prenant un appui assez stable. J'étais très proche de lui et je savais qu'à tout moment, il pouvait m'enfoncer son Kagune dans le corps et me faire mourir. Cependant, un doute subsistait toujours.
Je devais lui faire reprendre conscience. Par n'importe quel moyen.
"Respire. Et arrête de cumuler tes sentiments de cette manière. Ca te perdra et tu pourrais faire des choses que tu regretterais."
J'essayais de concentrer toute mon énergie pour lui dire les bons mots, faire les bons mouvements, pour qu'il redevienne celui que j'aime, celui que je ne peux pas tuer.

Elle s'approchait de moi doucement, armée d'une seconde arme à feu. Elle était armée jusqu'au dent ou quoi ? Ce genre de jouet n'a rien à faire dans les mains d'une femme, ni d'une enfant.

"Ressaisis-toi. Tu ne voudrais quand même pas en arriver là, si?"

Si seulement c'était aussi simple. Mais c'était Seishi qui décidait, et non moi. Je pouvais penser, mais seulement observer à la manière d'un témoin. Et cette scène me faisait froid dans le dos. Me dire que je pourrais là tuer d'un simple geste m'horrifier et je tentais de reprendre le contrôle. Cette partie de moi allait à l'encontre de mes motivations, de mes principes. Alors elle essaya de raisonner cette personnalité que je refusais d'admettre.

"Respire. Et arrête de cumuler tes sentiments de cette manière. Ca te perdra et tu pourrais faire des choses que tu regretterais."

Je commençais à me sentir mal d'avantage. Le semblant de raison qui me restait se perdait en moi et il prit petit à petit le contrôle, un rire horrible de psychopathe se fit entendre.. C'était moi.. ?

- HAHAHA Ne te méprend pas, je ne regretterais rien.

C'était totalement faux, j'étais complètement perdu entre les pensée de Seishi et les miennes. Un pauvre schizophrènes, voilà ce que je suis.. Un faible schizo incapable de garder le contrôle de soi..

J'attrapais ma tête avec mes deux mains. Mon crâne me faisais horriblement mal, essayant tant bien que mal à faire quelque chose.

- Seiiishi, dégage de la !

C'était tellement gênant de voir l'incompréhension et la panique sur son visage. Je perdais toute crédibilité, après çà elle ne verrait qu'un monstre fou en moi. Je n'ai plus rien à perdre après çà.

Le démon se permit de me répondre à haute voix, pour en rajouter une couche et m'enfoncer d'ailleurs.

- Ah, le fuyard, tu as finis de pleurnicher ?

Cette situation n'avait plus aucun sens, ni queue ni tête. Je me perdais en tout ce que je disais, je ne sais même plus ce que je dis et ce que je pense. Quelles pensée sont les miennes ? Quelles sont celle de Seishi ? De quoi ai-je vraiment besoin maintenant.. ? Je me tordais de douleur, me retrouvant à genoux face à elle.

"HAHAHA Ne te méprend pas, je ne regretterais rien."
Cette phrase résonnait dans ma tête et me faisait l'effet de milliers de lames de couteaux me transperçant.
Mais il n'était pas lui-même, et je devais absolument donner mon maximum pour le sortir de cet état de psychose que j'avais du mal à déchiffrer. Sora était là, devant moi, se tenant la tête, il se tordait de douleur.
"Seiiishi, dégage de la !"
Je ne comprenais rien. Il était deux personnes à la fois? L'incompréhension et la frayeur pouvait se lire sur mon visage. Je ne savais pas comment agir avec lui. Ou plutôt eux. Voilà que "Seishi" se remit à prendre le dessus :
"Ah, le fuyard, tu as finis de pleurnicher?"
C'était épatant. J'étais choquée par cette scène et je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait que je fasse pour l'aider, pour quoique ce soit. Sora s'était agenouillé devant moi, son Kagune ne le protégeait plus. Je le voyais souffrir, et je ne supportais pas ce spectacle. Je chargea mon fusil, le pointa sur lui et reprit un air sérieux.
"Laisse-le tranquille. Casse-toi."
Ce que je faisais était stupide. Il allait simplement me rire au nez et me donner un coup pour m'écarter encore une fois. Et si je tuais Seishi, je tuais Sora avec. Je ne pouvais rien faire. Aucun pouvoir ne pouvait sauver mon Sora. Je n'avais rien. J'étais une bonne à rien. Une moins que rien. Je me faisais pitié. Je laissais tomber mon fusil dans le sable, et m'agenouillait à mon tour face à lui, tête baissée. Je me rapprochais de lui, et une fois que nous genoux se collaient, je le pris dans mes bras, déposant délicatement sa tête sur mon épaule, une main sur son crâne et une sur son dos. Et je lui murmurais quelques mots. Je n'avais rien à faire. A part l'attendrir et lui montrer qu'il pouvait être plus fort et surpasser son alter-ego.
"Je suis là, Sora. Tu peux le faire. Je crois en toi."
Je lui déposa un baiser au creux du cou. Et n'attendais qu'une seule chose : qu'il se détende et retrouve ses esprits.

Dans un premier temps elle braqua son arme contre moi. Mais elle comprit rapidement que c'était inutile, que si elle tentait quoi-que ce soit contre lui, je prendrais les mêmes blessures. Il fallait que ça s'arrête vite. J'étais à bout.

Elle vint à me prendre dans ses bras, en déposant un léger baiser dans mon cou, comme un signe de protection et d'assistance. C'était un peu appaisant, mais mes démons me lançaient de plus en plus et il tentait de re-surgir. C'était pas très beau à voir sous mon masque. Mon oeil normal était noyer dans mes larmes tandis que l'autres était pleins d'expressions sadique, presque au bord de l'extase de par là torture qu'il me faisait subir. Je ne disais plus rien pendant un temps, luttant contre ce corps étranger.

- Je.. je veux que tu partes.

C'était la seule chose censée que j'arrivais à dire avant que Seishi ne tente d'intervenir. Je me sentais mal de lui imposer ça mais c'était là seule solution pour elle. J'avais réussis à le contenir depuis tellement de temps jusqu'à aujourd'hui. Il fallait que je me débrouille tout seul. Je poussais des hurlements de folie et d'un coup, je m'arrêtais.

- Ne t'en fais pas pour moi. Je ne quitterais pas ce monde de si tôt. On a beaucoup trop de choses à régler toi et moi..

J'espérais au fond de moi qu'elle accepte de bien vouloir s'en aller. C'était une longue nuit de lutte qui m'attendait et je ne voulais pas qu'elle retisse un lien entre nous alors que je ne suis même pas en mesure de la protéger et de la garder au près de moi.

Sora ne réagissait pas. Il ne dit rien. Pendant un très long moment. Je me sentais mal, mais le prendre dans mes bras me rassurait et m'emplissait de sentiments divers et variés. Je voulais qu'il réagisse. Je tentais une approche en passant ma main dans ses cheveux. Mais toujours rien. Jusqu'à ce qu'il ouvre finalement la bouche, à mon plus grand désarroi :
"Je.. Je veux que tu partes."
Je n'en avais strictement aucune envie. Mais c'était important pour lui. Je devais l'écouter. Je suppose qu'il savait ce qu'il faisait... Je me retirais de notre accolade, et commençait à prendre appui sur mes pieds pour me relever. Il criait de douleur. Je ne supportais plus de le voir dans cet état-là. Puis il s'arrêta net et dit :
"Ne t'en fais pas pour moi. Je ne quitterais pas ce monde de si tôt. On a beaucoup trop de choses à régler toi et moi.."
Je me relevais et essuyait mes affaires. J'espérais pouvoir le croire. Mais il est partit une fois et ne m'a jamais recontacté, en dix mois de temps. Pourquoi est-ce que je devrais lui faire confiance? Et Dieu sait ce qu'il pouvait arriver à Sora dans cet état, seul. Je ne voulais pas qu'il lui arrive quoique ce soit. Je commençais à marcher de l'autre côté pour accéder au ponton en bois et rejoindre la ville. Je me retournais et le voyait agenouillé, la tête dans les mains. Je risquais de perdre une seconde fois l'être le plus cher. Mais il ne voulait pas de ma présence à cet instant, et je ne pouvais pas le contraindre à rester. Je le regardais un instant, avant de me retourner et dire :
"Reviens-moi. Vite."
Je n'étais pas sûre de ce que je voulais à ce moment précis. Je ne savais pas si je voulais réellement qu'il me revienne. Mais l'avoir revu m'a chamboulé. Et je n'arrêtais pas de m'imaginer ce qu'il pouvait éventuellement se passer s'il revenait dans ma vie. Toutes ces images étaient heureuses. Et pourtant, mon intuition me disait que ça n'allait pas être aussi facile.
Je m'en allais doucement, le coeur rempli de regrets. Je ne savais pas quoi faire désormais. Sûrement passer mes journées à attendre qu'il daigne remontrer le bout de son nez.

Elle s'en alla, à contre coeur pour sûr. Mais il valait mieux pour elle qu'elle ne traîne pas dans le coin. Seishi est une entité destructrice et sadique. Même un face à un enfant il n'aurait aucune once de pitié. Alors pour cette fois, il fallait vraiment que je sois seul pour affronter mes problèmes. Alors, pour m'épuiser et ainsi empêcher ce côté obscur de l'emporter sur moi, je devais m'épuiser. J'alimentais mon Kagune de toute mon énergie pour lui donner de nouvelles formes, en vain. Ce qui consommait beaucoup, il tentait de m'en empêcher ce bougre en essayant la persuasion.

- Sora, Sora, Sora. Nous sommes fait pour tuer tu le sais bien mieux que moi. Alors laisse moi prendre le contrôle, j'aurais la force suffisante pour décimer les Bloo-

-Assez ! Je veux que tu disparaisses, que tu ne te remontres plus jamais.

C'était très étrange de parler à soi-même, au milieu d'une plage déserte ou rien ne pouvait nous déranger. Je pouvais me déchaîner un peu pendant qu'il parlait sans s'arrêter.

- Toi comme moi savons très bien que sans moi tu n'est qu'un minus, un lâche ! C'est moi qui devrait avoir le contrôle !

Je ne répondais pas, j'étais à deux doigts de tomber dans les vapes. Après ça je serais tranquille pour un petit moment. Un jour il faudra trouver une solution, je ne veux pas de "ça" moi..

Après quelques temps d'éffort, je m'écroulais de fatigue et fiévreux

» Sora Eishirou Alias Seishi
» Un après-midi tranquille au café [FINI]